La suffisance hostile des catholiques restés sans leur parti politique, par rapport à tous ceux qui veulent le reconstruire rapidement, aveugle même face aux cuisantes défaites dans tout pays : depuis des années, on continue à cumuler des résultats dévastateurs et laïcistes anti-civilisation, surtout dans le Vieux Continent !

Un des handicaps les plus pernicieux pour les catholiques qui ne peuvent disposer plus de leur parti chrétien, consiste en une double défaite permanente sur le plan culturel et politique.
Tout d’abord, aux égards des dimensions morales publiques. La dispersion indifférenciée des catholiques dans les partis de « leurs choix » a amené les chrétiens à devenir marginaux et insignifiants dans le débat très idéologique caractérisés, surtout depuis quelques dizaines d’années, par la domination de la  fausse et dogmatique « pensée unique outre politically correct ».
Ensuite, sur le plan strictement législatif. L’attitude de ladite subordination culturelle ne fait qu’assurer continuellement la défaite politique face aux lois nombreuses des soi-disant nouveaux  droits, progressivement proposées et approuvées dans les parlements rustres, négativement sélectionnés. Ces lois sont en train de d’installer, partout, un type de société trans-humaniste et destructrice progressivement de notre civilisation dite occidentale.

Cette civilisation est fondamentalement chrétienne, si bien qu’officiellement et superficiellement la chose est généralement ignorée ou niée. Le paradoxe extrême de cette démarche véritablement masochiste, voulue d’une partie dans l’Église en voie de perdition progressive depuis plus d’un quart de siècle, est que le centre-droit politique européen est même virtuellement toujours majoritaire.
Cependant, sur le plan quantitatif, cette pratique a été globalement perdante aussi bien politiquement que culturellement. Et ceci durant toute cette période qui a été, par contre, caractérisée par l’inévitable déconfiture de ces anciennes, nuisibles et malfaisantes idéologies matérialistes (mais encore très efficaces) outre qu’intrinsèquement irréligieuses. À un centre et au sommet d’une Église qui s’est radicalement renforcée dans la rigueur chrétienne grâce surtout aux tout derniers Papes, avec l’actuel pontificat, caractérisé par une pastorale apparemment populaire, on assiste au déclin interne vers le modernisme implacable de l’actuel pontificat. Ainsi, la renonciation à la présence culturelle et politique du catholicisme dans le social a même permis, on dirait activement, la transformation de ces idéologies collectivistes du siècle passé en nihilisme toujours plus étatiste et dominant dans le néo-totalitarisme actuel.

Ce processus  de autodestruction des principes, que pape Benoît XVI aurait par après défini justement  « non négociables », avait commencé à la fin des années immédiatement postconciliaires.
Ainsi, l’abolition des partis catholiques s’est appliquée à des organismes démo-chrétiens en état peut-être  irrémédiablement protestantisés et déjà auto-laïcistes. On a jeté l’enfant avec son eau sale, très sale. Et, surtout, on s’est soumis objectivement à la subordination des partis sécularisés. Encore aujourd’hui on rencontre beaucoup de catholiques, même des sincères catholiques, qui se flattent illusoirement d’être le « sel, le levain de la Terre » à l’intérieur des organismes politiques dits laïcs qui, il va de soi, n’obéissent intrinsèquement qu’aux lois arithmétiques du majoritaire sans acceptervraiment, en surcroît, de dialoguer avec autres que eux-mêmes. Comme les catholiques sont dispersés en différents partis, ils sont fatalement réduits et considérés être minoritaires, très minoritaires, donc traités d’emblée d’une manière systématiquement  insignifiante, dans la dictature néo-antidémocratique du majoritaire, en l’occurrence obtuse.

Non seulement. Ces catholiques deviennent fatalement aussi risibles et catastrophiquement perdants : par exemple, Fillion en France et Renzi en Italie (deux catholiques politiciens, ex-premiers ministres très à la page) ont parcouru le même chemin désastreux pour le peuple de Dieu qui – entre autres – les avait suivi avec espoir. Le premier vient de perdre la présidentielle en France déjà largement acquise  préalablement, à l’époque des « premières » à sa candidature. L’affaire est à cause d’une impardonnable et non pardonnée immoralité étatiste privée (même si strictement non illégale), personnelle et familiale de népotisme. Mais le christianisme est bien plus exigeant que l’idéologie étatique : la politique – on le sait – ne peut se fonder que sur une rigueur de moralité chrétienne voire d’éthique laïque légale.
Et le deuxième homme publique, Renzi, est même arrivé à déclarer malignement qu’il avait « prêté serment sur la Constitution et non sur l’Évangile ». À la frontière donc de la fourberie et de l’impudence sans vergogne face à ses innombrables incohérences de démagogie politique (qui l’ont porté, lui aussi, à la défaite populaire). Comme si pour un chrétien il était légitime de parjurer les principes suprêmes de la politique et de fanfaronner hérétiquement entre le serment devant les hommes et celui auprès de Dieu !

Le manque de parti politique chrétien, naturellement, n’aide pas ou ne permet pas de cultiver et d’appliquer rigoureusement , ni en France ni en Italie, la culture de la très grande Tradition catholique. Par exemple, dans le Compendium de la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église, publié en beaucoup de langues en 2005 au Vatican), les partis, outre à être des instruments indispensables pour l’action politique, sont également des outils irremplaçables dans la formation critique et active.
Sans culture politique pas d’action gagnante pour le bien commun !
La courte vue des élites – généralement aussi bien du clergé que du laïcat – est telle qu’à l’idée bien proposée de remettre sur pied, dans les différents pays européens, de nouveaux partis chrétiens, on finit par imiter les chats pavloviens. S’étant brulées les pattes sur les plaques des poiles incandescentes, ceux-ci n’y s’aventurent même plus lorsqu’elles sont froides…
Ainsi, avec d’arguments pseudo-évangéliques spiritualistes, ils essayent de créditer l’idée que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde (en trahissant au moins à moitié, sinon pour l’essentiel, le message du Christ incarné). Ou bien, ils essayent d’affirmer que le peuple de Dieu n’est « pas assez formé ». Mais, après deux millénaires (!) et dans une époque de crises des « modernes » idéologies matérialistes et réductionnistes, ces petits chrétiens chancelants insistent sur l’idée qu’il faudrait  tout reporter, d’une façon très… intellectualoïde et d’une manière élitaire, aux calendes grecques.
Il y en a également une grande quantité d’hypercritiques qui arrivent à faire une pointilleuse exégèse pléonastique, et luxueuse, des modalités de formation des partis chrétiens, alors que l’urgence dramatique de leur nécessaire existence est tragiquement en jeu.

Il existe aussi parmi les catholiques ceux qui, avec extrême suffisance – de surcroît très hostile –, jugent non à leur goût les motivations et les démarches de fondation de ces nouveaux partis. En arrivant même à nier leur légitimité dans leur raison d’être. Pour avoir une idée de l’absurde atteint, par exemple en Italie, on  est parvenu à refuser le nouveau parti fondé en 2016 et intitulé « Le peuple de la Famille ». Car on l’a accusé – outre que « parasitaire » du mouvement réagissant notamment aux lois infâmes du gender et aussi d’avortements divers LGBT, toujours intrinsèquement assassins – d’être également « monothématique ».
Faudrait-il alors fonder les partis à froid et bureaucratiquement sans aucun lien social et historique ?
Mais, d’ailleurs, n’est-t-elle pas la famille le thème politique le plus global et universel qu‘il soit, surtout dans notre ère ? Quoi il y a-t-il d’argumentation plus de synthèse dans la totalité eschatologique  chrétienne ?  Indépendamment du bien fondé des arguments avancés et malgré, souvent, la pratique dialogique interlocutoire refusée de façon hautaine, on doit savoir que tous ceux qui agissent vraiment dans le réel savent de risquer inévitablement de faire des erreurs…
On devrait donc penser et se déterminer sur le principe toujours provisoire qu’un parti n’est qu’une œuvre susceptible d’être corrigée, à plusieurs reprises…  C’est ce qui se passe par ailleurs continuellement – même d’une façon écervelée – dans touts les organisations politiques.
Avec, en l’occurrence, de la miséricorde bien chrétienne, s’il vous plaît !
Les laïcistes, relativistes, athéistes, positivistes et politiciens modernistes – entre temps – ne peuvent que remercier pour la subordination, même substantiellement silencieuse.

Laisser un commentaire