« Dieu, un tabou français ? », voici le titre en couverture d’un hebdomadaire catholique franco-belge de fin septembre. Thème gourmand dans notre monde laïciste, incrédule e nihiliste.

Le problème de la foi dans le monde occidental me semble être plus celui du panthéisme et du syncrétisme que celui de l’athéisme. Ce thème a été à peine frôlé dans un article paru en « Famille chrétienne », hebdomadaire auquel je suis abonné. L’article en question était centré sur une rencontre dialogique entre un fameux journaliste de premier plan, Franz-Olivier Gisbert et un catholique pratiquant, Raphaël Cornu-Thénard, de profession architecte et fondateur d’un mouvement ecclésial dénommé « Anuncio ».

Tout le monde sait que le laïcisme, depuis la révolution française, est en train de gagner largement dans l’occident avec la « pensée unique » désormais apparemment plus que majoritaire. Elle veut sortir toujours plus e totalement le catholicisme (mais aussi tout autre confession ou religion) de l’espace publique. D’où la course effrénée, même dans le monde catholique, derrière les soi-disant idées du monde dans l’illusion de ne pas perdre le train de l’histoire. Dans chaque pays occidental, en effet, et particulièrement en Europe, il est revendiqué le principe non seulement laïc mais également laïciste et totalitaire de la pensée politicienne et réductive du nihilisme dit « pragmatique ». Celui positiviste qui exclue à priori tout référence au sacré ou au surnaturel. F.-O. Gisbert peut être considéré, dans la culture francophone, un des intellectuels les plus représentatifs  de la pensée massifiée contemporaine : « Il y a peu de sacré dans notre monde », ouvre très astucieusement et cordialement la rencontre. Désormais l’agnosticisme dominant dans notre temps n’est plus vraiment athée : « Pour moi – déclare F.-O. G. – il suffit de voir un  ciel étoilé pour croire en Dieu ». Mais tout de suite il continue : « Je suis contre le prosélytisme ; la religion est une chose intime. Je ne l’imagine pas dans l’espace publique ». En tant que bon ­­­­­­­­­­­militant actif du philosophe Spinoza toujours excommunié, F.-O. G. présente dans l’article entier, son idéologie très complète et laïciste pour couvrir complètement le terrain culturel du possible débat. Inutile, de la sorte, de chercher des traces de besoins de salut en tant que créature ! Ainsi qu’il apparaît évident, sa conception existentielle, outre à ne pas être complètement athée (la chose serait trop à l’encontre de l’évidence et trop lourdement militante à soutenir), est minimaliste et insignifiante. Mais, en tout cas, elle est extrêmement destructive de toute autre vision religieuse qui essaye d’opérer dans l’existence laquelle, par sa nature, ne doit prétendre, de surcroît, même pas à une minime présence sur le plan publique. Bref, tout le refrain de l’intimisme laïciste !

« Si la religion se limite – lui répond justement l’architecte catholique – à la sphère privée, on décrète la mort de l’Église ». Et il ajoute d’une manière chrétienne, comme argumentation évidente, que Jésus a toujours été un homme publique ! F.-O. Gisbert qui s’était d’emblée déclaré ouvertement un « disciple de Spinoza », déclare, d’une façon par ailleurs totalement anti-spinozienne  et  contre sa logique de conséquence du même philosophe néerlandais, contre le scepticisme habituellement nihiliste individualiste et introvertie : « Je n’aime pas la foi conquérante mai j’aime la foi heureuse ». À part la banalité lapalissienne d’une foi qui ne peut pas exister si « malheureuse », il n’y a pas de rapport de contradiction entre la foi intrinsèquement missionnaire  et la foi simplement pure et simple. Au contraire ! Ici on devoile la très fragile structure culturelle, rationnelle et logico-formelle plus familière au la non-pensée conformiste, réductiviste et massifiée de notre temps que de la simple et intuitive philosophie populaire et purement conséquentielle : F.-O. G. est, ca va de soi, de gauche et il s’agit ici de quelqu’un estimé parmi les plus grands intellectuels à la page de la grande tradition laïque « de la France » ! L’idée de se confronter avec l’indispensable « autre que soi » pour poursuivre l’« esprit de vérité » propre au siècle des Lumières semble ainsi évaporée dans les brouillards épais de la pensée unique et très faible : aussi bancale, même pour le typiques superficialités et falsifications télévisuelles.

Malheureusement l’architecte n’a pas su (peut-être n’a pas voulu) contester le banales contradictions du « grand » journaliste éditorialiste, ni affirmer la très indestructible Tradition Magistérielle. Il a cherché de s’en sortir d’une manière subjective en racontant comment, sur le rives du lac Tibériade en Israël, il a rencontré sa foi… Un peu trop minimal pour un article qui s’annonçait avec le retentissant et traditionnel titre, même en couverture, « Dieu, un tabou français ? ». Ici on aurait attendu au moins une allusion à la extraordinaire mission historique, réussie en pratique, du laïcisme dévastateur pendant presque trois siècles de la vision christo-centrique occidentale. Mais rien de tel ! Tout le presque « sympathisant » ou pseudo-œcuménique catho-protestantisme bergoglien pour la religion lutèraine, laquelle se conçoit toute interne au système du pouvoir mondain, ne permet pas de s’opposer vraiment à la vision politique et globale moderniste de la conception totalitaire aujourd’hui à la page. Il n’est pas la vérité à inspirer le dialogue mais l’aprioristique et inconditionnelle entente finale. Presque toujours aux frais de la subordination soumise catholique !
Cette timidité intimiste du catholicisme contemporaine n’imagine même pas de pouvoir se poser fière, surtout en public, de la rationalité et puissance historique du Mystère chrétien. Aussi en face à un panthéisme primitif et à un agnosticisme, au mieux syncrétiste, stérile et sans le sens cosmique que mêmes le étoiles font pleinement imaginer et préfigurer.

La conclusion de l’article en question a été signée par le même F.-O. Gisbert. C’était à prévoir : dans une francophonie globalement nihiliste toujours laïcistiquement à l’attaque d’une religiosité soumise, outre que spiritualiste, l’attitude ne peut pas être que de militance et de propagande. Notre petite star de la compétence massifiée a ainsi improvisé, comme à la télévision avec le faux et habituel discours conclusif erronéement profond : « On ne peut croire au sacré sans croire en Dieu ». Y a-t-il quelqu’un qui pourrait affirmer autre que la vérité tautologique de cette proposition analogue à celle qui assure le soleil montant le matin et se couchant le soir ?
En réalité, c’est bien celui-ci le niveau superficiel dans lequel s’est réduit le débat aujourd’hui autour de la suprême question eschatologique de l’humain. Même dans l’Église, de la part de mouvements catholiques qui revendiquent d’une façon opportuniste que l’important est « ne pas avoir – très anti-chrétiennement ! – des ennemis dans le monde » : jamais, selon cette désormais directive dite pastorale, penser de proclamer la vérité évangélique et éternelle, l’unique.
Mais qui se charge, alors, d’affirmer que Christ a été déjà envoyé par son Père Eternel à annoncer et proposer pas moins que le salut pour chaque homme dans la venue du Royaume des Cieux qui commence ici tout bas ?
Chose de surcroît conquise sur la Croix e dans la Résurrection pascale par la Vérité Trinitaire !

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