« La politique est un bien » : mais quelle politique ? La pensée unique dominante fait en sorte qu’on ne parle même pas de contenus politiques dont on doit expressément voter. Et les électeurs votent avec les pieds, en s’abstenant.

J’ai lu et relu le tract « La politique est un bien » publié au début de mai dans Traces (www.traces.fr) « en vue des prochaines élections administratives », par Communion et Libération.
Ayant fondé et en dirigeant des entreprises de communications multilingues avec head office à Bruxelles (et des agences situées de Shanghai à Londres, Saint Paul, Paris, Milan, Madrid, etc. : www.eurologos.com), je revendique une capacité au moins de lecture propre et presqu’exclusive, malheureusement, des traducteurs : en ayant la tâche de restituer ou de cacher dans la langue d’arrivée les contenus du texte de la langue de départ, il est indispensable que ceux-ci soient bien compris à l’avance parfaitement et dans leur totalité. D’où mon jugement positif sur ce tract, sur le plan des principes et, en même temps, parfaitement inutile d’un point de vue non seulement politique. Du reste téléologiquement essentiel, en l’occurrence. Et aussi concrètement trompeur et falsifiant. Je m’explique.
Dans une dizaine de paragraphes très denses et dans une quarantaine de lignes, on ne trouve pas un contenu politique. Même pas un seul ! Tous les propos sont très rigoureux sur le plan méthodologique et fondant le juste rapport avec la politique, avec sa catégorie pour laquelle « la politique est un bien ». Toute l’analyse de la désaffection de la part du peuple par rapport à « cette spécifique et actuelle » politique, pour laquelle on est requis d’aller à  voter, n’est même pas prise en considération. Et pourtant on ne peut pas dire que le peuple soit désintéressé aux activités de la  polis. Au contraire ! Déjà deux doubles citations théorétiques très lointaines aussi bien de pape François que de père Giussani, le fondateur de CL, remplissent la presque totalité conceptuelle du tract. À ces quatre citations non petites on doit ajouter celle culturelle-littéraire de Pavese du siècle dernier : toutes tendues à définir ce que la politique génériquement n’est pas, ou bien quoi devrait être. Il en reste quelques lignes pour s’identifier à peine subjectivement par rapport au fameux et abusé discours identitaire du « Moi en crise » et de « l’espoir » à laquelle « on appartient en tant que chrétiens » avec « le désir de bien commun » qui fonde « l’esprit d’une authentique démocratie »…
Finalement, si on ajoute les raccords d’introduction aux cinq citations très lointaines, en suppléments des commentaires d’applaudissement, il n’en reste pas plus que l’espace pour la signature et la date !

La teneur du tract a été reprise favorablement par divers grand quotidiens tous laïcistes, jusqu’aux publications, peu diffusées (sinon par niches), ceux généralement catholiques progressistes en ligne : les premiers avec le soulagement pour le gros mouvement catholique rendu « inoffensif » et substantiellement non défavorable à la pensée unique du politically correct personnifié par les gouvernements et administrateurs publiques européens ; les secondes car souvent sournoisement intéressées par leurs candidats à ces élections ou bien par le climat médiocre voire de profonde ignorance relativiste du monde chrétien dans lequel les références fatalement abstraites méthodologiques sont plus que suffisants pour combler toute exigences de « culture » même seulement préalables à la politique. L’idée que le christianisme dispose d’un très vaste patrimoine culturel dans sa DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église) en mesure de condamner sans appel l’étatisme dominant, c’est-à-dire le cancer le plus meurtrier – à cause duquel les masses ont perdu la confiance de la politique ! – échappe aux uns comme aux autres. Ou bien, même s’ils en sont conscients, il importe peu pourvu qu’on n’en parle pas… L’unique chose considérée importante est que les électeurs aillent à voter et ne s’abstiennent pas en votant, comme on dit, avec les pieds.

Vu que le tract de CL pour les élections ne dispose pas de contenus politiques, même pas généraux, qui dira au peuple abruti par le nihilisme dominant que si on ne recommence pas à faire des enfants, beaucoup d’enfants, contrairement à ce qu’on a fait dans les derniers cinquante ans (de la part des deux génération actuelles d’adultes), même pas les dettes publiques ignoblement et en plein péché  mises sur le dos des jeunes et des enfants, nous ferons sortir de la crise économique en Occident ? Qui dira au même peuple électeur que le vrai bien commun est de se libérer en Europe de beaucoup de millions de fonctionnaires publiques parasites, ainsi qu’on l’a fait et on continue à le faire dans le secteur privé et dont on s’est mortellement alourdi dans la société rassasiée européenne ? Et qui dira aux électeurs toujours plus réticents et « ennuyés dans le rapport avec leur propre Moi » que le seul vote utile est celui du « désir duquel jaillissent les valeurs et les initiatives qui rassemblent les hommes », celui où les programmes politiques antiétatistes réaffirment clairement la domination avant tout religieuse de l’Esprits et de la Personne sur l’État (et non vice-versa) ? Qui des candidats aux élections aura le courage de dire clairement au peuple électeur de voter pour des choix de fonds dont la politique écervelée est en train de désarticuler et détruire notre civilisation, contre toute tradition  culturelle ?
Et ceci en échange d’apparents avantages toujours plus misérabilistes, conçus pour des massifiés et coupables hédonistes clochards, mais tout de même électeurs !

Que l’on se souvienne, plutôt de continuellement citer en vain les mots de père Giussani même de 1992 sur des petites questions désormais seulement marginales e méthodologiques, de ses choix très durs et dramatiques d’appuyer aussi l’« imprésentable et sardanapalesque » Berlusconi. Lequel, au moins, ne revendiquait pas l’étatisme comme système moderniste irréligieux et dévastateur sur le plan économique, parmi le tsunami et la meute des invétérés étatistes, à gauche mais aussi à droite !
Ne rien dire contre l’étatisme signifie aujourd’hui avaliser, continuer à avaliser, le désastre jugé irrécupérable et mortifère (si continué) de notre ère. Celui du boy scout, irresponsable parleur Renzi, soi-disant catholique, ma premier ministre jamais élu (!) pour une loi, par exemple, objectivement assassine et maudite dans sa bouleversante démarche pour toute notre civilisation : comme celle scélérate de la parlementaire Cirinnà sans, de surcroît, aucune discussion – aucune ! – en parlement, acrobatiquement dictatorial.
Du jamais vu dans les périodes même les plus obscures. Nous sommes déjà, en Italie, à la poursuite de la folie législative criminelle de la Belgique, dans laquelle je vis depuis une quarantaine d’années : là où on a adopté même la loi en 2014 pour euthanasier les enfants !

 

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