L’actuel problème des divisions doctrinales dans le christianisme et dans le catholicisme avait été virtuellement résolu avec quatre phases déjà dans l’Evangile. Par contre, des chrétiens christocentriques ne parlent que de trois étapes : en se taisant sur la dernière qui est toujours en jeu, même à large échelle !

Dans ce dernier demi-siècle, l’Église est en train de connaître une des plus graves crises doctrinales et involutives de son histoire. Tout a commencé – on pourrait dire – avec les critiques d’opposition radicale à l’encyclique de Paul VI en 1968, l’Humanae vitae. Mais la crise couvait depuis au moins le siècle des Lumières et de la révolution française : une véritable rébellion ouverte aux propos de la grande Tradition de la part d’une très large partie du clergé engagé et des mouvements catholiques. Et ceci pendant que le processus de sécularisation explosait en conquérant la majorité des masses populaires du monde entier économiquement avancé, surtout avec la pilule contraceptive et le divorce (comme prélude à l’avortement et aux actuelles lois écervelées et trans-humanistes LGBT).
Il aura fallu deux grands pontificats, celui du géant saint Jean-Paul II et du très rigoureux théologien Pape (et pasteur) actuellement Emérite, pour reporter (apparemment) le peuple de Dieu sur le droit chemin. Mais il a suffi l’élection au trône pétrinien de Pape François pour presque tout ramener sur la voie de l’hérésie du modernisme, du spiritualisme et de l’intimisme.

Beaucoup de catholiques montent à présent au créneau pour rappeler l’unité de l’Église catholique face aux innombrables critiques, même radicales, pour la conduite générale du peuple de Dieu.
C’est déjà dans l’Évangile que l’on trouve la solution de non jours à cette véritable division dans l’Église. Au passage du chapitre 18 (13,17) de Matthieu, au lieu de trois phases dont on parle souvent, on en lit quatre que je reporte intégralement (pas plus de trois-quatre lignes au total !) : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi un ou autres, pour que toute affaire soit décidé sur parole de deux ou trois témoignes. Que s’il refuse d’écouter, dis-le à la communauté. Et s’il refuse d’écouter même la communauté, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain ».        

Au lieu de reprendre en entier toutes ces quatre étapes évangéliques successives, des catholiques soucieux de ne laver, justement, le linge sale qu’en famille, parlent exclusivement des trois premières. En ne prenant en examen, ainsi, que la possibilité du « frère » qui se laisse convaincre de son erreur, si bien même à la troisième étape de la confrontation, avec la communauté,  l’ensemble des autres chrétiens. La préoccupation de ces catholiques est naturellement de garder toujours l’unité communautaire et ecclésiologique propre de l’appartenance au même baptême.  Et pour éviter ainsi le scandale de positions différentes au sein de l’Église : préoccupation très louable et nécessaire ! Cependant souvent, ils ne citent même pas l’existence de cette quatrième étape évangélique, celle de la reconnaissance d’une position extra-chrétienne, par peur du même scandale mais aussi en forme plus grave…

Le christianisme prévoit, indispensablement et au préalable, la liberté pour chaque homme d’adhérer à toute autre valeur. Dieu ne sait pas quoi en faire des fidèles qui ne soient pas libres. Donc l’Évangile parle bel et bien – on l’a vu – de cette quatrième étape dans laquelle le chrétien doit tout de même parvenir à formuler, comme toujours et en toute occasion, son jugement prudent mais systématiquement ferme sur tout contenu et choix moral. Et ceci en séparant, bien entendu, son jugement sur le fait, le contenu, par rapport à celui concernant le contenant, c’est-à-dire la personne : c’est exclusivement à Dieu qui est naturellement réservé – et pour cause – le jugement final et essentiel sur la personne inévitablement pécheresse !
Sur l’erreur, donc, les hommes doivent toujours décider et précisément. Ils peuvent sagement reporter la question et entre temps prier, même  ensemble, afin de demander d’être éclairés par le Saint Esprit. En effet il n’y aurait pas de christianisme sans ce jugement et sans cette liberté irréductible. La même unité authentique communautaire se fonde toujours sur la possibilité – même si lointaine ou théorique – de fraternellement… se séparer, tout au moins provisoirement.

La quatrième étape est ainsi celle où le chrétien doit arriver à juger ce qui est ou ce qui n’est pas dans le christianisme. Son verdict est même un devoir. Et très souvent aussi un devoir public autant que l’erreur. Que celui-ci se soit manifesté publiquement ou tout de même finalement connu, il faut considérer que cette obligation est nécessaire, ne fût que-ce par mission et témoignage !
Il faut également considérer que l’exemple présenté dans l’Évangile ne concerne que la personne et sa faute individuelle. En réalité le problème posé généralement de nos jours est constitué plutôt des nombreuses hétérodoxies publiques communiquées et imposées souvent comme directives pastorales. Raison de plus pour ne point être scandalisés d’atteindre souvent la dispute relative à la quatrième étape.
Je connais un prêtre qui a par treize fois écrit au président de Communion et Libération des lettres très respectueuses, même dans la forme, concernant des contestations de la nouvelle ligne ecclésiologique adoptée, sans recevoir aucune réponse. Et ce prêtre a vécu en CL pendant presque 60 ans ! Pape François lui-même a reçu sous une certaine forme de très légère protestation, les Dubia de la part de quatre cardinaux, sur ses directives concernant le remariage des divorcés : la ligne de ne pas répondre est affirmée à chaque grade, jusqu’aux laïcs qui s’adressent à leur pasteur sans trop d’espoir de réponse, ni directe ni indirecte. Ce Pape, avec son clergé qu’il se presse de remplacer selon ses très personnelles idées plutôt hétérodoxes, d’une façon intermittente et conformes  à sa soi-disant « Reforme de Nouvelle Eglise », avec sa fausse démarche de bon curé de campagne, est en train de bouleverser les sacrés principes « non négociables » et éternels de l‘Église. La toute dernière incartade, bien calculée, a été l’attaque à peine voilée au très désarmé et silencieux Pape Emérite qui a osé écrire une préface à un livre du grand cardinal Sarah, à propos de la liturgie. Le vieux Pape, devenu passif et sans bavures, avait déjà publié un volume magistral liturgique de plus de 800 pages il y a à peine dix ans…

En réalité, il n’est pas possible de nos jours être des critiques, condition indispensables pour définir un bon catholique, dans une Église qui est gouvernée par un sud-américain convaincu, avec sur les bords des convictions de théologie de la révolution que déjà saint Jean-Paul II avait complètement défaites, il y a presque quarante ans ! Et il n’est pas possible non plus être tranquillement un chrétien christocentrique, condition également incontournable pour aujourd’hui se situer au centre du christianisme, alors que la ligne pontificale est plutôt relativiste, casuiste et onusienne avec des tendances pseudo-œcuménistes !
La tendance à l’unité centralisée de la catholicité – unique parmi les confessions et les religions ! –  joue aujourd’hui un rôle paradoxalement négatif et centrifuge. Si on y ajoute que ce Pape est également un jésuite postmoderniste lié au pouvoir dit progressiste mondial (à l’heureusement battu Obama et à l’organisatrice d’avortements Clinton, plutôt qu’à Trump qui a éliminé tout financement aux organisations à soutien des avortements et à son épouse qui, au chef de la catholicité, a demandé de bénir son chapelet), on a ainsi un cadre assez vaste du désastre contre lequel l’opposition doctrinale catholique se retrouve dans nos temps. Les étapes de conversion des chrétiens apparaissent plus à partir de la quatrième étape que de la première, de simple « reprise ».
Il n’y a qu’à prier !

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