Deux hommes du Dieu trinitaire se sont mis en évidence nettement surtout dans la deuxième partie du siècle passé : Marcel Lefebvre et Luigi Giussani, deux monseigneurs autant presqu’aimés et/ou détestés par toute la Catholicité. Et “célébrés” personnellement par trois Papes consécutives : Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Ils ont incarné avec leurs charismes les deux polarités essentielles et éternelles du Salut catholique suprême. Leurs apparentes deux Églises dites intemporelles et antimodernistes attendent encore en vain leur réunification glorieuse et indispensable !

Quelles sont-elles ces deux polarités quasi étrangères et réciproquement méconnues entre elles, à l’enseigne de l’immaturité du Catholicisme contemporain, en proie de l’historique crise ecclésiale ?
L’amour de Dieu se concrétise avec le cadeau du Saint Esprit et surtout, avec celui de l’incarnation de Son Fils Jésus et de toute Sa Passion, y compris Sa Résurrection. De la sorte, on obtient la synthèse indivisible de deux entités constituant le Christianisme : l’Évangélisation et son Salut éternel qui – il ne faut jamais arrêter de le rappeler – commence ici sur Terre, uni au Sacrement des Sacrements matérialisé par l’Église catholique et ses sept Sacrements liés indissolublement à l’existence humaine. Constituant  l’unité totalisant la Vie et le Salut éternel ! Toute la très longue ère du Moyen-Âge avait déjà réunie en une seule dimension cette conjugalité spirituelle parfaitement téléologique, de la possible Justice et du réel Bonheur humain. Mais le diabolique n’avait jamais cessé de travailler pour faire sortir les hommes de cet état de Grâce et les plonger progressivement dans l’immanent, inévitablement anti-christocentrique. Et l’acheminer vers la démence très érudite que nous constatons dans notre monde mécréant et éperdu. L’unité divine et celle immanente avaient entamé leur divorce, comme la Foi et la Raison par les œuvres de la part des  gnostiques de toujours. Ainsi que la séparation de la vie de l’Église et celle du monde fut complice… L’État totalitaire commençait à dicter sa folie humaine ! Jusqu’à l’accomplissement, avec les deux guerres mondiales du vingtième siècle, de la démence criminelle de l’holocauste et du communisme en faillite avoué spontanément en 1989-91. Dans ce contexte désespéré qui avait infecté aussi le Christianisme catholique, deux hommes ont surgi comme instruments de la Vérité et du Salut éternel. Deux catholiques rigoureux ordonnés prêtres, comme apôtres  vocationnels ecclésiastiques du Dieu trinitaire, à ré-annoncer la rigueur et toute la substance salvifique de l’intégral Message chrétien. On pourrait dire, d’une façon bien séparée et autonome, que monseigneur Lefebvre et père Giussani (lui aussi destiné à devenir prélat) ont réalisé, dans leur vie et en correspondance de l’ère du Concile Vatican II et suivant, les deux œuvres nécessaires et divines pour le Salut évangélique. Qui étaient en très grave défaut : la lutte contre le modernisme, surtout liturgique e théologique de l’Église, de la part du missionnaire français en Afrique toujours tenu en inimitié par le bienpensants romains ; et, de l’autre côté, la reconstruction de la Communauté catholique laïque des hommes vraiment modernes, de la part du prêtre italien et ambroisien (aimé par contre, à cause aussi de son succès exceptionnel bien visible, mais non sans contradictions, par le haut clergé). Depuis leur action, le Catholicisme ne sera plus le même dans ses polarités constitutives : la Liturgie divine et la Communauté chrétienne, martyrisées par le modernisme !

La radicalité apostolique et traditionnelle de la Fraternité sacerdotale lefebvriane, comme première polarité. Et la deuxième, extrêmement religieuse et innovatrice giussanienne avec son Mouvement laïque, dans leur anti-modernisme : les deux devenues même de masse pour des raisons apparemment opposées mais réunies dans le potentiel de l’aimant salvifique catholique !
Si l’on divise même d’une façon infinitésimale un aimant naturellement bipolaire, on obtient toujours des petits morceaux autant bipolaires. Comme l’appartenance du simple catholique est ainsi systématiquement double (celle au Royaume de Dieu et celle dite à la mondanité de la Terre, avec la “dépendance au monde mais non du monde“, selon la formule évangélique), aussi l’Église et son articulation jusqu’à son individu catholique final, sont producteurs comme n’importe quel aimant a deux polarités. Elles sont apparemment séparées. Son attraction ontologique, cependant, donne toute sa substance au prosélytisme spontané et naturellement inévitable (mais officiellement contrarié) : de la plus grande (celle de l’Église dans sa totalité aussi et surtout publique par rapport au Sacrement de l’Ordre sacerdotal), à celle la plus minuscule (la personnelle la plus privée e aussi intime, mais quantitativement des multitudes laïques). Pouvait-on déjà prétendre que cette double emprise puisse être réunie selon son principe ontologique ? En effet, les résultats de ces deux mouvements ont abouti à deux organisations structurelles bien internationales et, symétriquement arrivées aux multitudes de fidèles laïques : de la part giussanienne et de son Mouvement devenu international et nommée Communion et Libération ; et, de l’autre côté, à un ordre sacerdotal e monastique complèt, de la part du florissant mouvement mondial de la Fraternité saint Pie X fondée par Lefebvre. Mais la vie humaine est peut-être courte, si on ne pense que les projets ecclésiaux n’ont qu’à s’accomplir avec les temps de…  Dieu. Dans la continuité des générations. D’autant plus que la persécution, soft naturellement, de nos deux protagonistes de la part du clergé à eux contemporains, a été exemplaire !

La Liturgie divine de la Messe en Latin, comme principe vital contre le modernisme ecclésial protestantisant (hérésie synthétique de toutes les hétérodoxies de l’histoire !) et le renouveau de l’homme vraiment moderne contre le modernisme philosophique de l’État totalitaire : sous le masque de la soi-disant démocratie gnostique inévitablement de la majorité mécréante.
La fameuse “dure tête” de l’homme pécheur soumis au “Péché originel” montre déjà l’immense sapience de la Trinité à habituer l’humanité à une temporisation réellement divine concernant les “échéances” maternelles et surnaturelles de son histoire. Par ailleurs, que l’on considère que les hommes – dont l’Église est constituée – sont fautifs malgré aussi leur sanctification sacramentelle, donc très  lents à avancer : lorsqu’elles ne se rétrocèdent pas carrément. Du reste, comment penser d’assurer le Salut éternel avec une Église plutôt hérétique dans le modernisme intermittent ?
Celui-ci est la raison de l’énorme responsabilité aussi des laïques catholiques qui, outre aux tâches propres, leurs sont attribué également la responsabilité des destins de la totalité doctrinale de l’Église et de leur influence dans la civilisation du monde. Laquelle ne peut reposer – comme maintes fois dans l’histoire – sur la fidélité acritique e inconditionnelle par rapport à l’Autorité ecclésiastique. Et même, au Pape en particulier bien fondée dans la Tradition pétrinienne… Et ceci, si toujours on a pu vérifier, comme actuellement, que sa fidélité à la Tradition du Magistère dogmatique – celle du “Non possumus” pontifical – lorsqu’elle n’a pas été assurément honorée… Par exemple, à part le grand épisode de saint Athanase, l’actuel  Docteur de l’Église envoyé en exile par hérésie cinq fois de la part de presque tout le clergé de son époque, réellement hétérodoxe, il y a un autre cas éclatant dans notre ère moderne. Le grandissime cardinal Newman, après sa conversion au Catholicisme, dans le siècle dix-neuvième (1845), en tant que leader théologique de tout l’anglicanisme à Oxford. Depuis que s’était rendu à Rome pour s’y soumettre, avait été envoyé à la grande église de Saint Croix à Florence, pour bien y laver les pavements : comme si sa conversion à la vraie religion, était son péché mignon qu’il fallait corriger – lui déjà assez vieux – avec des corvées physiques exténuantes (qu’il avait tout de même accompli avec fière humilité…). Le très vaillant Pape Léon XIII, en compensation et bien par après, à la vieille de la mort du pauvre converti anglais, en reconnaissance surtout de son hauteur spirituelle et doctrinale incomparable, non seulement pour son époque, le nomma cardinal. Plus d’un siècle avant sa naturelle canonisation d’il y a quelques années… On a pu, ainsi, voir réaliser un Concile Vatican Premier, conclu en 1864, dans lequel  le clergé avait réaffirmé le principe sacrosaint de l’obéissance à l’infaillibilité du Pape (fidèle en tout cas à la Tradition de l’Église). Sans assurer un minimum de sapience vraiment miséricordieuse d’une importante partie du clergé, bien opérationnel bureaucratiquement et officiellement… Depuis plus de sept ans que je fréquente en famille les Messes en latin éternel de la Fraternité saint Pie X fondées par monseigneur Lefebvre (outre à apprécier l’ancienne disposition de tous les fidèles,y compris le célébrants, regardant l’ancien et éternel Autel avec l’ancien Tabernacle face à Dieu, et non positionnés comme dans une sorte de repas dit  “convivial”. En tant que participant à l’éternel Sacrifice divin, j’ai été ébloui par la dimension d’une sacralité suprême, pratiquement perdue au temps de père Giussani en vie «avec la nouvelle Messe ». D’un rituel devenue généralement sécularisé et exclusivement plutôt horizontal (lorsque non avec des ajouts sacrilèges…). Les deux dimensions remises au centre du Catholicisme par nos deux serviteurs de la Trinité, la Liturgie du Royaume de l’Univers divin et la Communauté vraiment chrétienne et historique consciente, ont montré au monde dit moderne les deux polarités essentielles et naturelles (ontologiques) dont l’homme a toujours essentiellement besoin. Aussi bien dans la normativité surnaturelle que dans la quotidienne vie communautaire, dans le domaine du Christ Roi de tout l’Univers.

L’équivoque épithète “traditionaliste” collé aux lefebvrians en tant que contraires à la mission frileuse d’approfondir la théologie du Christ : pour lutter contre le moralisme anti-christocentrique spiritualiste attribué actuellement aux dits giussaniens, surtout restés papistes  inconditionnels et comme fauteurs d’un Christianisme réglé sentimentalement, intimiste et moderniste.
Naturellement, le monde presque mécréant plutôt diabolique du «Catholicisme immanent » – même interne à l’Église – a immédiatement trouvé tout de suite les fausses argumentations, pleines de lieux communs mystifiants, pour attaquer mortellement les deux nouveaux mouvements évangéliques et trinitaires. Même avec des résultats probants. Monseigneur Lefebvre est mort dans la douleur avant que Pape Ratzinger, en voie de presque totale sanctification de son ancien modernisme qui l’avait totalement associé à son collègue allemand, jésuite hérétique Rahner (vite abandonné), ait reintégré l’Eglise catholique.  Et, de l’autre côté, père Giussani, lui aussi déjà parti au Paradis, lorsqu’il a pu voir –  face lui aussi à la Trinité – son Mouvement  de CL virer sournoisement vers le modernisme hétérodoxe, surtout de Pape Bergoglio, le saintgalliste. Confirmé désormais, après neufans de pontificat bien plus “intermittents” et sur des points fondamentaux que fidèle à la Tradition ecclésiale. Ce “Mouvement” comme tout le monde l’appelle par tradition avait été rebaptisé et refondé Communion et Libération, présent en presque une centaine de Pays dans le monde ! Nous avons maintenant des exemples, sous le nez, des mouvements antihérétiques qui ont illustré dans la plus parfaite Vérité  la sainte histoire de l’Église et celle du monde entier, qui sont devenus exemplaires pour la Foi catholique, mais dans leur vie, condamnés et persécutés… En revanche, il faut considérer que ces mouvements n’ont pas pu souvent échapper à des traits d’hétérodoxie typique des hérésies des leurs époques qui les avaient contrariés. Par exemple, si la dimension de la communauté chrétienne dans la Fraternité lefebvrianne  saint  Pie X a été toujours restée réduite formellement à des pratiques marginalement “pieuses”, plutôt rares et consciemment assez insignifiantes, les“ciellini” soi-disant autoproclamés toujours giussaniens, continuent à exclure assurément la possibilité que les deux virages théologiques et ecclésiologiques de leur histoire puissent être en relation extraordinairement indicative à leur conception au moins partiellement interne ! Je parle de la crise totale de 1968 et, après la départ au Ciel  de père Giussani, du deuxième grand épisode de taille dégénérative ou mortelle (quoique de nature opposée). Les deux événements sont toujours exclus qu’ils puissent avoir quelques motivations originaires ou conceptuelles internes . Et ce, en éclatant opposition avec toute l’histoire de CL absolument caractérisée par l’opposition militante et acharnée de l’Action Catholique paroissiale et des universitaires de la Fuci. Deux mouvements non seulement italiens officiels, déjà pratiquement effondrés dans le néant presqu’historique de leurs positions bureaucratiques, modernistes et spiritualistes : au début des années septante, le Pape Paul VI les avait attendu en vain à Place Saint Pierre à Rome (remplie, par contre, de ciellini !), après le Concile et son encyclique tout simplement rejetée Humanae Vitae.
Ils étaient demeurés tout de même les mouvements, de plus en plus, bien modernistes et chouchous de la plupart du clergé déjà diaboliquement analogue et enseignant de l’époque… Père Giussani a dû attendre, avec des astuces d’occasion et à l’enseigne du maltraité et même excommunié injustement Lefebvre, plus d’une trentaine d’années (!) pour que son Mouvement soit enfin reconnu officiellement. De la part de Pape Jean-Paul II, fréquenté en Pologne comme cardinal depuis divers lustres. Mais tout ceci semble avoir été totalement détourné de la mémoire des actuels “ciellini” trop pleins d’avoir été les soi-disant “apôtres, les seuls et vraiment pratiquement religieux au monde“… avec, tout de même, deux faillites historiques complètes en moins de cinquante ans ! Mais les militants les plus anciens n’oublient pas les colères, folles et authentiques, de père Giussani se déchainant périodiquement contre l’idole, immanent et non transcendant, communautaire. Qu’immanquablement devenait la “joyeuse compagnie d’entraînement” de Communion et Libération, comme tendance peut-être inévitable e fatale du temps…  “De votre compagnie, je m’en foute !”, qu’il répétait le grandissime homme religieux en déception périodique et face aux assemblées de CL toujours abasourdies… Il semble, en tout cas, que cette fausse conscience bien ridicule des ciellini restés (sauf les plusieurs milliers tous enfuis, comme moi, du Mouvement de CL depuis 2006-07, toujours fidèles à la religiosité originaire et “surgive” giussanienne (comme militants, prêtres, sœurs consacrées, promis de Saint Josef et Memores Domini ). Soit systématiquement et d’une manière emblématique ignorante, protagoniste d’une époque clairement et aussi  bien comprehensiblement handicapée dans l’hérésie…  Et qui risque de le rester encore pour longtemps, même d’une façon réciproque pour les deux mouvements figés, si bien que vedettes promises du vingtième siècle. Prions.

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